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L’œuvre littéraire de Malek Haddad:

Elle commence dans les années 1948-1950, comme celle de Kateb Yacine, Mohammed Dib et de bien d’autres auteurs algériens dont les œuvres - poèmes et romans - ont directement pour thème la guerre de libération nationale. Pour Abdelkebir Khatibi (Le Roman maghrébin), « ses romans constituent des poèmes impressionnistes, traversés de temps en temps par des déclarations patriotiques et nationalistes. (...) Son œuvre reste accrochée à une coquetterie du langage et le roman devient une sorte de causerie, un ensemble de réflexions variées sur ses obsessions ». Tiraillé entre l’Occident et l’Orient, deux langues, deux cultures, deux façons de penser, Malek Haddad vit un conflit inextricable ; conflit qui prend des proportions dramatiques chez ce poète. Dans L’élève et la leçon, il fait dire à l’un de ses personnages : « L’histoire a voulu que j’ai toujours été à cheval sur deux époques, sur deux civilisations. »

Cette attitude révèle chez l’auteur la conscience de l’acculturation ; il s’agit pour lui d’assurer lucidement cette double appartenance. Ainsi, le conflit, provoqué par le choc des deux cultures, frise l’angoisse. Malek Haddad prend conscience d’un état de fait auquel il se résigne, faisant foi au réalisme historique. Le conflit exacerbé pousse à la révolte tant est grande l’inadéquation entre l’humanisme drainé par la langue française et le colonialisme véhiculé par la même langue...

L’œuvre de Malek Haddad est une quête du « moi pensant-sentant-agissant », selon l’expression de Ghani Merad ; d’où un retour aux racines pour marquer l’opposition à l’autre. Il s’agit d’un simple cheminement à travers l’histoire et la sociologie pour redécouvrir le tronc commun symbolisant le groupe, tronc caché par les diverses greffes imposées par les vicissitudes historiques. L’aliénation n’est pas seulement vécue par Malek Haddad, mais également par les auteurs algériens de sa génération. On retrouve dans leurs œuvres le thème de l’aliénation de l’intellectuel déchiré entre son Orient « natif » et l’Occident « adoptif ». Avec le déclenchement de la lutte de libération nationale, le poète Malek Haddad retrouve son rôle historique de chantre de la tribu. C’est sa quote-part à la révolution pour échapper à cette aliénation et se découvrir un « quant à soi ethnique », pour se forger une appartenance.

La prise de conscience nationale et politique s’est manifestée progressivement chez lui. Ainsi, Malek Haddad avait fait sienne la maxime de Léon Bloy : « Qui donc parlera pour les muets, pour les opprimés et les faibles si ceux-là qui se taisent furent investis par la parole. » Ce qui explique sans doute qu’il eût été classé par les critiques dans la littérature de combat orientée contre la présence coloniale européenne quoi qu’il eût mauvaise conscience de ne pas porter les armes.

A cet égard, ses personnages sont les intellectuels qui rendent hommage aux militants et aux combattants, et honorent les martyrs. Ses héros se sentent exilés au milieu des leurs, séparés de leurs parents par la barrière de la langue et la culture. Désillusionnés, s’impose alors à eux une vaste quête de la personnalité, la recherche d’un moi enraciné dans l’histoire et projeté vers un avenir meilleur « l’espoir d’un nous national, intégré dans le concert universel » ; en ce sens, même s’exprimant en langue française, les écrivains algériens d’origine arabo-berbère traduisent une pensée spécifiquement algérienne.

S’agissant de la langue française, Malek Haddad a été l’un des rares écrivains algériens a avoir été déchiré parce qu’il avait fallu écrire, selon son expression, dans la « langue de l’ennemi » et parce que sa grand-mère ne pouvait le lire. Cette question se fait d’autant plus aiguë, lorsqu’il écrit dans Les zéros tournent en rond (essai) : « Voilà presque 30 ans ou plus que de notre première ardoise remise à la correction de notre institutrice à nos manuscrits remis à nos éditeurs, nous écrivons le français, nous étudions le français et nous diffusons par le truchement de la langue française notre pensée. »

Malek Haddad répond lui-même à cette interrogation : « Puisqu’il y a un problème, il doit y avoir une issue. Mais qu’on ne se fasse pas d’illusions, si nous sommes l’explication de ce problème, nous n’en sommes pas la solution... notre utilité est indiscutable. Nous resterons comme des leçons. Je crois surtout que nous sommes et serons des exemples typiques du gâchis et de l’aberration coloniale. »

Le malheur en danger (poèmes) La Nef de Paris (1956)
- La dernière impression (roman) Julliard, 1958
- Je t’offrirai une gazelle (roman) Julliard 1959, réédition 10/18
- L’élève et la leçon (roman) Julliard, 1960, réédition 10/18
- Le Quai aux Fleurs ne répond plus (roman) Julliard 1961, réédition 10/18
- Les zéros tournent en rond (essai), Maspéro 1961
- Écoute et je t’appelle (poèmes) Maspéro 1961
- Algériennes, (album de photographies), ministère de l’Information , 1967.
- Si Constantine m'était contée ... série d'articles parus dans le journal An Nasr entre le 4 et le 14 janvier 1966.


Malek Haddad laissera également des inédits et des manuscrits inachevés :

- Les premiers froids (poèmes)
- La Fin des Majuscules (essai)
- Un Wagon sur une île (roman inachevé)
- Les Propos de la quarantaine (chronique)

 
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